VOL DE NUIT - 21 JUIN 2025
Les dynamiques jeunes de l’Aéroclub de Berck ont organisé un vol de nuit et je me suis porté volontaire pour faire partie de l’équipage. L’aérodrome de Berck n’étant pas équipé pour le vol de nuit, le principe est de décoller de Berck juste avant la nuit aéronautique (30 minutes avant le coucher du soleil), d’aller se poser de nuit au Havre, puis à Merville, d’attendre à Merville à l’EPAG, et de re-décoller pour une dernière branche qui doit nous ramener à Berck juste après le début du jour aéronautique (30 minutes avant le lever du soleil)
L’équipage est composé de Viktor, instructeur, Bastien et moi-même. Bastien et moi n’étant pas qualifiés vol de nuit, la présence de Viktor est à la fois obligatoire … et rassurante. L’avion sera notre bon vieux PA-28 180, F-GCLU.
Après un briefing au club-house par Viktor sur le vol de nuit et en particulier le tour de piste de nuit, un peu de préparation, le dépôt de plan de vol par téléphone, nous rejoignons l’avion. Le soleil a déjà disparu mais le jour est encore bien là. Entre les préparations, le roulage, les essais moteur et l’alignement en piste 24, c’est finalement pile à l’heure officielle de la nuit aéronautique que les roues du PA28 quittent le sol à 22:36. C’est Bastien qui est aux commandes et Viktor en place droite. Je suis passager à l’arrière.
La première partie du vol est extrêmement calme, et il fait encore suffisamment clair pour profiter de la vue sur Berck, la Baie d’Authie, Le Tréport … En approchant Rouen, cette fois la nuit est bien tombée et ce sont les lumières de la ville qui maintenant sont bien visibles. Surtout, nous sommes aujourd’hui au solstice d’été et aussi le soir de la fête de la musique. Et c’est ainsi que nous voyons d’en haut, un peu partout autour de nous, des feux d’artifices, tous petits du haut de nos 4000 ft, et la lueur des feux de la Saint Jean. C’est assez magique ! Après une correction de cap liée à une erreur d’interprétation du VOR, nous passons Rouen en direction du Havre. Nous laissons le Pont de Normandie et la zone industrielle sur notre gauche pour approcher finalement du Havre (LFOH). Nous allumons l’éclairage du terrain avec des coups d’alternat (plusieurs impulsions sur la fréquence du terrain). Et après reconnaissance du terrain, Bastien aligne le PA28 sur la piste 22, pose l’avion, le re-configure et remet les gaz pour un tour de piste. Après le re-décollage, dès les falaises passées, nous nous faisons sérieusement « tabassés » par les turbulences. Ca se stabilise en vent arrière. Bastien se repose en piste 22 à minuit, et roule, avec beaucoup de prudence sur les taxiways jusqu’à la pompe à essence Total. Il faut vraiment faire très attention au roulage en particulier sur les parkings non éclairés. Les avions stationnés sont à peine visibles.
Les garçons refont le plein du PA28 (de nuit, on n’a jamais trop d’essence), tout en surveillant la météo qui commence à se dégrader par l’Ouest, au niveau de la visibilité, comme cela était prévu. Cette fois je m’assieds en place gauche et nous commençons le roulage, toujours très prudemment, vers le point d’attente 22. Après les essais-moteur, je m’aligne et décolle. Cela fait 15 ans que je n’avais pas volé de nuit ! Pas de problème, sous la supervision de Viktor. Nous nous faisons encore tabasser en passant au dessus des falaises mais dès que nous prenons un peu d’altitude, cela s’arrange. Nous remontons vers 4000 ft et prenons le cap vers Merville. A cette altitude, de nuit, l’air est très calme et le vol particulièrement agréable. Il est passé minuit, et la plupart des éclairages dans la campagne ont disparu. La campagne est plus noire qu’à l’aller.
Alors que nous approchons du bassin minier, Viktor remarque un discret voyant d’alarme, sans doute allumé depuis quelques minutes : c’est le voyant de charge. Le cadran de charge indique aussi 0. Même si nous avons quelques doutes sur la fiabilité de l’un et de l’autre, prendre le risque d’épuiser la batterie en vol de nuit n’est pas raisonnable (le moteur peut continuer de tourner mais les radios en particulier ne peuvent plus fonctionner … donc l’allumage à distance des pistes : dangereux la nuit !!). Nous prenons la décision de nous dérouter au Touquet, où se trouver l’atelier de maintenance du PA28 et où l’on pourra venir nous rechercher.
Et donc, cap plein Ouest vers le Touquet, non sans avoir informé le contrôle aérien de la situation et du déroutement. Nous coupons aussi les consommations électriques inutiles (deuxième radio, VOR …). Nous avons aussi nos lampes frontales rouges pour l’éclairage du tableau de bord. Après une demi-heure de vol sans autre problème, nous arrivons verticale Le Touquet (LFAT), je fais la reconnaissance terrain et me présente en finale piste 13. Toujours sur les conseils de Viktor, je pose plutôt correctement :) le PA28 et roule vers le parking. Nous stationnons l’avion au pied de la tour, toujours en prenant garde aux autres avions à peine visibles dans la nuit.
Il est passé 2:10 du matin et un autre pilote de Berck, qui a les autorisations d’accès au tarmac du Touquet, vient nous chercher en voiture et nous fait sortir de l’aéroport. C’est finalement en voiture que nous reviendrons à Berck.
Malgré cette panne (c’est toujours formateur !), ce vol de nuit a été une très belle expérience et j’espère avoir d’autres occasions de vol de nuit. Merci beaucoup aux jeunes de l’Aéroclub de Berck pour l’organisation de ce vol.